Fabrice Hermil, Chef d’établissement du Lycée Professionnel “La Providence” à Nice et Stéphanie, professeur de lettres et enseignante-ressource y furent nos envoyés spéciaux. Merci à eux deux pour leur témoignage.

Le colloque annuel du Mouvement Contre la Constante Macabre (MCLCM) institué par André Antibi, s’est tenu le 2 février 2017 à Paris.
Florence Robine, directrice générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) a ouvert la séance “Evaluation plus juste : un mouvement bien engagé”, en rappelant qu’il est nécessaire de faire évoluer les pratiques pour les rendre plus équitables et important de proposer des outils visant à la réussite des élèves. Le MCLCM est un mouvement déjà bien engagé qu’il convient de poursuivre afin de donner à  l’EPCC (l’Évaluation par Contrat de Confiance) un caractère collégial pour une meilleure réussite. C’est sur ce principe que les équipes du Lycée La Providence mettent en place l’EPCC depuis la rentrée 2016 afin de construire un projet d’évaluation commun et donc plus efficace.

Il est rappelé que l’évaluation est une démarche pédagogique pour laquelle les critères doivent être pensés afin d’objectiver les progrès de chaque élève. Mais l’évaluation se doit aussi d’être lisible car parents et enfants doivent comprendre les attentes de l’enseignant. Ainsi, du premier degré au second degré, en passant par l’enseignement supérieur, l’EPCC ne peut être que préconisée. Mais si les professeurs étaient aussi évalués par contrat de confiance ? C’est ce qu’a décidé de faire un inspecteur de mathématiques. Il explique que l’EPCC permet d’instaurer un climat de confiance entre l’enseignant et l’inspecteur tout en faisant preuve de bienveillance et d’exigence, les maîtres-mots de l’EPCC !

Après de nombreux rappels et témoignages de la part d’inspecteurs, de chefs d’établissement, de professeurs mais aussi de lycéens, l’après-midi s’est poursuivie par 3 ateliers laissant à chacun la possibilité de s’exprimer :

  • Le premier atelier avait pour thème “L’évaluation par contrat de confiance et ses variantes” 
    Tout d’abord, un rappel du protocole de l’EPCC de plus en plus connu :
    ➡ annonce du contrôle,
    ➡ séance de pré-contrôle,
    ➡ contrôle
    Viennent ensuite des  proposition de variantes notamment sur le pré-contrôle qui ne doit pas aboutir sur une liste à apprendre mais sur des pratiques à mettre en place :
    Ainsi, les élèves doivent s’approprier une séance en construisant eux-mêmes leur fiche de réussite contenant à la fois des connaissances et des compétences. Les questions peuvent également être données en début de leçon sous forme d’objectifs… La variante est aussi d’apprendre aux élèves à apprendre. Enfin la difficulté du professeur est d’analyser les processus mentaux des élèves afin de comprendre les raisons de leurs difficultés et de les accompagner dans la recherche de stratégies plus efficaces. Ainsi, les neurosciences peuvent être une piste de réflexion pour donner encore davantage de sens à l’EPCC.
  • Le second atelier abordait  “l’EPCC et le numérique”. Les TICE ne sont pas incompatibles avec l’évaluation par contrat de confiance. De nombreuses applications permettent notamment de redonner confiance aux élèves et  surtout de recommencer une évaluation pour améliorer leur note. Bien sûr, la pratique ne doit pas être systématique mais complémentaire à l’EPCC. Cela permet également une plus grande liberté pédagogique à l’enseignant et de nouveaux outils pour des élèves à qui il faut proposer des supports variés afin d’éviter l’essoufflement. Ce problème a été soulevé par les professeurs du lycée La Providence qui, lors d’une concertation, ont constaté une moindre motivation de leurs élèves pour l’EPCC après un départ très encourageant. Ainsi, le numérique pourrait peut-être leur permettre d’y croire à nouveau.

 

  • Le troisième atelier était consacré à  “Evaluation et empathie”. Si le terme d’empathie a été employé dans l’intitulé de cet atelier c’est surtout de bienveillance dont on a parlé ici. Et l’occasion était trop belle pour en profiter de rappeler qu’en 2006 les Assises de l’Enseignement Catholique s’engageait à porter un regard bienveillant sur le poids des évaluations, des appréciations et des jugements sur les personnes en :
    💡 Regardant la personne comme un être relié (de l’interdit de l’exclusion au refus de la méfiance et de l’indifférence)
    💡 Regardant la personne comme un être fragile (de l’interdit de l’intransigeance, de l’insensibilité et le droit à l’échec vécu comme une expérience)
    💡 Regardant la personne comme un être en devenir (de l’interdit du jugement définitif et du refus des étiquettes.)

Le MCLCM se poursuit et suite à cette journée de nombreuses pistes de réflexion s’ouvrent encore. Les expériences de chacun sont autant d’enrichissement pour nos pratiques pédagogiques tout en respectant une liberté d’éducation. Nous repartons avec des idées et plus motivés que jamais pour aider nos élèves, leur redonner confiance et les amener à la réussite tout en faisant preuve d’exigence et de bienveillance, mais ça à la Providence, nous savons faire ! (Avez-vous trouvé ?).

Stéphanie et Fabrice